Ils se construisent dans nos campagnes et dans nos villes, silencieusement, laborieusement, fièrement aussi. Et, j’avoue, chaque fois que j’en vois un, ça m’énerve.
Alors, OK, ça n’est qu’un mur. En plus :
- C’est bien utile pour ne plus voir le voisin (qui est parfois un peu relou, ça peut arriver !)
- C’est bien utile aussi pour ne pas être vu (et c’est quand même chouette de se balader en petite tenue lorsque les étés sont si chauds)
- En plus, pas besoin de le tailler et il ne prend pas toute la place dans le jardin.
Non, franchement, je comprends.
Les murs, amplificateurs de canicule
Mais quand même… Ca reste (la plupart du temps, hein, ne généralisons pas) du « court-termisme » nuisible pour nous et pour notre planète. Et non, je n’exagère pas, loin de là.
Pour commencer, un mur, le plus souvent de nos jours, est fait de béton. Il emmagasine pendant la journée la chaleur qu’il reçoit, pour la relarguer la nuit venue à l’heure où nous pourrions légitimement rêver de fraîcheur. Conclusion : il nuit à notre confort thermique et participe de ces îlots de chaleur urbains qui transforment nos villes en enfer, tous les étés.
Les murs, un bilan écologique (très très) lourd
De plus, le bilan carbone du béton est loin d’être négligeable.
Sa fabrication nécessite en effet :
- Du sable : nous en utilisons tant que son exploitation vire à la catastrophe écologique (mise en péril de l’écosystème marin, crues, recul des plages). Pour en savoir davantage, suivez ce lien : http://www.natura-sciences.com/environnement/penurie-sable.html
- Du ciment : Il est fabriqué en chauffant à très haute température un mélange précis et finement broyé de calcaire, d'argile et de sable.
Le procédé libère beaucoup de CO2, d’une part pour chauffer le four dans lequel a lieu la réaction, et d’autre part parce que, à la chaleur, le Carbonate de calcium (CaCO3) présent dans le mélange se sépare en chaux (CaO) et en dioxyde de carbone (CO2)
Au niveau mondial, on estime à environ 5% à 7% la part des émissions de gaz à effets de serre représentée par le ciment
- Des graviers
- De l’eau
Des murs pas très accueillants (voire hostiles!)
Enfin, il est un désert de biodiversité. Les murs de pierres sèches, communs autrefois, étaient plein d’anfractuosités accueillantes pour des lézards, des insectes, et retenant des poussières de terre dans lesquelles mousses et plantes finissaient par venir se nicher.
Rien de tel chez le mur de béton, trop lisse pour abriter la vie.
Que faire, alors ? Et bien… planter, tout simplement !
Une haie végétale, quelle qu’elle soit, ne stockera pas la chaleur. Mieux, les végétaux, en transpirant, lâchent dans l’atmosphère une humidité rafraichissante !
Une haie végétale ne créera pas d’émissions de CO2, mais au contraire en absorbera et le stockera : c’est tout l’objectif de la photosynthèse de transformer le dioxyde de carbone de l’atmosphère en matière organique (en végétal, en l’occurrence !) En bonus, elle relâchera du dioxygène et pourra même parfois assainir l’air en captant une partie des particules fines.
Une haie végétale accueillera en plus des oiseaux et des insectes, qui viendront s’abriter dans les branchages et le feuillage.
Oui, je sais, c’est là que vous allez me dire « oui, mais la haie, il faut la tailler, et elle fait des feuilles mortes, en plus. Ca prend de la place, il faut l’entretenir, je n’ai pas le temps. »
A quoi je vous répondrai : que nenni !
Si vous choisissez bien vos végétaux (c’est-à-dire en fonction de votre climat et de la place que vous aimeriez qu’ils prennent in fine), vous n’aurez pas besoin de tailler. Nul besoin de se coltiner un thuya (vous savez, cet arbre de 50 à 60 mètres de haut, que nous plantons dans nos jardins parce qu’il fait vite (très vite, reconnaissons le) une haie, en oubliant que nous devrons ensuite le tailler inlassablement (un thuya peut vivre 700 ans, il est plus fort que vous !) pour le contenir dans les deux mètres qui nous lui réservons)
Vous voulez des idées ? Cela dépend bien sûr de votre climat, mais vous pouvez regarder du côté des :
- Cornus mas (Cornouiller Mâle)
- Cornus sanguinea (Cornouiller Sanguin)
- Coryllus avellana (Noisetier)
- Rosa canina (Eglantine)
- Rosa rugosa (Rosier du japon)
- Budleja davidii (arbre aux papillons) ne choisir que des cultivars horticoles, l’arbuste type étant invasif)
- Sambucus nigra (sureau)
- … complétez la liste au gré de vos envies ou de vos observations autour de chez vous. Un professionnel peut également vous aider. Si vous habitez la région valentinoise, n’hésitez pas à me contacter !
Vous pouvez également ajouter des petits arbres ou arbustes fruitiers, qui vous nourriront en plus d’attirer la faune.
Dans tous les cas, mixez les espèces pour avoir une haie forte et variée, laissant peu de prise aux maladies. L’entrelac des branches fera une protection visuelle efficace, même en hiver.
Certes, les feuilles tomberont à l’automne, mais vous pourrez choisir de les laisser aux pieds des arbustes, pour créer un humus nourrissant dans lequel s’abriteront de nombreuses espèces d’insectes et autres petits animaux.
Au final, la haie est une solution efficace pour se protéger du voisinage, bénéficier de l’effet rafraîchissant des végétaux, et accueillir la biodivsersité. Alors, troquez votre truelle contre une bêche !
